Pouvoir et Contrôle: la prostitution à Paris au XIXe siècle

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Cette source, De la prostitution dans la ville de Paris : considérée sous le rapport de l'hygiène publique, de la morale et de l'administration ; suivi d'un Précis hygiénique, statistique et administratif sur la prostitution dans les principales villes de l'Europe, est un essai long écrit par Alexandre Jean Baptiste Parent-Duchâtelet et publié à titre posthume en 1857. Parent-Duchâtelet, qui est né à Paris en 1790, était l'un des hygiénistes les plus célèbres au XIXe siècle. De la prostitution dans la ville de Paris crée ne vision complète de la prostitution à Paris au XIXe siècle. Parce qu’il donne aux lecteurs un contexte détaillé, des chiffres, et des lois entourant la question de la prostitution, l’essai est considéré comme un classique médical.

 

Dans la quatrième partie du chapitre XXII, Parent-Duchâtelet parle de la façon dont les prostituées n’ont pas eu la liberté personnelle. Il soutient que le problème de la liberté est que, bien qu’elle soit « un des plus grands biens » (Parent-Duchâtelet 309), il est extrêmement facile d’en abuser. En outre, le problème de la légalité est qu'elle conduit souvent à la licence, et « avec la licence il n'y a pas de société possible » (Parent-Duchâtelet 310). Cela veut dire qu'il existait une croyance générale que rendre la prostitution légale conduit par nature à la débauche, avec laquelle il est impossible d'avoir une société morale. Rachel Ginnis Fuchs, dans son livre, Poor and Pregnant in Paris, parle de la même idée. Elle explique que, selon des moralistes de l’époque, « the well-ordered state depended upon a well-ordered family; to have a well-ordered family there was a need to control women’s sexuality and reproduction » (Fuchs 36). Donner aux prostituées la liberté de faire ce qu'elles veulent avec leur corps n'est pas compatible avec l'idée d'une société bien ordonnée. Au lieu de leur donner des libertés, des lois ont été adoptées et des pétitions ont été signées pour tenter de retirer les libertés des prostituées. Parent-Duchâtelet cite le traité de Montesquieu, De l'esprit des lois, dont les idées reflètent directement l'opinion du public et des législateurs. Il dit, « Les peines de ces crimes [de la prostitution] doivent encore être tirées de la nature de la chose : la privation des avantages que la société a attachés à la pureté des mœurs, les amendes, la honte, la contrainte de se cacher, l’infamie publique, l’expulsion hors des villes et de la société, enfin toutes les peines qui sont de la juridiction criminelle » (Parent-Duchâtelet 313). Alors que Montesquieu a publié le traité en 1748, les idées contenues dans le traité ont joué un rôle déterminant dans les lois entourant les prostituées au XIXe siècle. Le système judiciaire seul avait le pouvoir d'infliger ces peines aux prostituées, mais les lois ne leur offraient aucune protection juridique et les laissaient à la merci et à la discrétion des policiers violent (Parent-Duchâtelet 315).

 

Cependant, cela ne veut pas dire que ces lois strictes ont duré éternellement. Au cours du XIXe siècle, les lois ont commencé à s'assouplir et les femmes et les prostituées ont commencé à s'intégrer dans la société. Ceci est visible dans l'article, « Serving Sex: Playing with Prostitution in the Brasseries à femmes of Late Nineteenth-Century Paris par Andrew Israel Ross. Ross décrit la manière dont, grâce à la Révolution française, les femmes de la classe ouvrière ont réussi à amener l'acte de prostitution dans la sécurité de l'environnement du café. (Ross 289). Alors qu'il existait encore des limites à la pouvoir des femmes et qu’elles étaient encore largement contrôlées par l'État, la prostitution décrite dans des brasseries à femmes à la fin du XIXe siècle variait considérablement, dans la pratique et la légalité, de la prostitution décrite dans l’essai de Parent-Duchâtelet.

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 Cette source est un extrait du roman, L'Âne mort et la femme guillotinée, qui a été mis en évidence pour son excellence dans le journal, Le Figaro. L’auteur s’appelle Jules Janin, et il est né en 1804. Janin était journaliste, écrivain, et critique dramatique bien connu, et il a écrit L'Âne mort et la femme guillotinée en 1829. Cet extrait décrit en détail quelques scènes de la prostitution à Paris au 19e siècle. Pendant des centaines d'années avant le 19e siècle, la prostitution était strictement interdite à Paris et en France, en général. Les lois sur la prostitution remontent à l'an 800, lorsque Charlemagne a publié une ordonnance interdisant les prostituées et ceux qui leur donne un abri (Harsin 57). Alors que certains dirigeants dans les siècles suivants ont écrit des ordonnances qui offraient une tolérance limitée à la prostitution, les décrets du début du 17e siècle sont devenus plus restrictifs et punitifs. Cependant, le traitement des prostituées a changé avec l’introduction de la maladie vénérienne en Europe. En 1684, des prostituées parisiennes ont été commandées à conduire à l'hôpital de la Salpêtrière pour y être examiné et, le cas échéant, soigné pour une maladie vénérienne. (Harsin 65). Après la Révolution française, la prostitution était « freed from all the old ordinances…raised its head, and venereal disease was now serious enough to threaten the nation » (Harsin 72-73). Les officiels du gouvernement du 19e siècle ont eu du mal à adopter une loi officielle interdisant la prostitution, mais ils ont toujours trouvé des moyens de la contrôler, et la prostitution était encore considérée comme un crime.

La façon dont Jules Janin décrit la prostitution dans son roman est tellement importante parce qu’elle montre l’opinion du public à l'époque. En haut de la troisième page du journal, le narrateur du roman dit, « Puis j’avançais sur le boulevard, et j’observais dans ses moindres phases la prostitution parisienne. D’abord, à dater de la Bastille, cette prostitution est honteuse » (Janin 3). Plus bas, il poursuit sa description en disant « A cette heure, la prostitution est complète : aux coins des rues, une vieille femme vous prostitue sa propre fille ;  à la porte des loteries, de vieilles femmes prostituent même le hasard. Levez la tête ; tout cet éclat, d’où vient-il ? il sort des maisons de jeu ou de débourbe » (Janin 3). Le dégoût que le narrateur exprime en voyant des prostituées dans les rues de Paris nous donne une idée de la façon dont la prostitution était à la fois perçue et discutée. De plus, des descriptions variables de la prostitution dans le roman nous montrent comment la prostitution a évolué vers des formes différentes de celles que l'on attendait traditionnellement. Il nous permet de voir la prostitution de première main plutôt que d'un point de vue officiel ou juridique.

Ouvrages cités

Fuchs, Rachel Ginnis. Poor and Pregnant In Paris: Strategies for Survival in the Nineteenth Century. E-book, New Brunswick, N.J.: Rutgers University Press, 1992, https://hdl.handle.net.eu1.proxy.openathens.net/2027/heb.02497.

Harsin, Jill. Policing Prostitution In Nineteenth-Century Paris. E-book, Princeton, N.J.: Princeton University Press, 1985, https://hdl.handle.net.eu1.proxy.openathens.net/2027/heb.04506.

Janin, Jules. L'Âne mort et la femme guillotinée. Le Figaro, 1829.

Parent-Duchâtelet, Alexandre-Jean-Baptiste. De La Prostitution Dans La Ville De Paris : considérée sous le rapport de l'hygiène publique, de la morale et de l'administration... ; suivi d'un Précis hygiénique, statistique et administratif sur la prostitution dans les principales villes de l'Europe. Baillière, 1857.

Ross, Andrew Israel. "Serving Sex: Playing with Prostitution in the Brasseries à femmes of Late Nineteenth-Century Paris." Journal of the History of Sexuality, vol. 24 no. 2, 2015, p. 288-313. Project MUSE muse.jhu.edu/article/579147