La révolution du commerce au 19ème siècle et la création des grands magasins parisiennes

Les innovations et influences de la révolution industrielle ont mené vers un boom en production des biens du quotidien et permet la création des magasins comme Printemps. Composé de seize vignettes en totale, cette gravure dépeint l’histoire du grand magasin du Printemps tout en étant une source de publicité. 

Il sera alors possible de diviser cette estampe en trois parties distinctes. La première occupe les six premières vignettes dans lesquelles l'artiste illustre l'histoire de la création du grand magasin dès sa naissance en 1865, à l'incendie du 9 mars 1881 et finalement sa reconstruction. L'artiste met en place un sentiment d'inspiration et prestige du magasin qui est vu à travers la phrase "nouveau Phénix" ce qui mène à transition à la deuxième partie (vignette 6). La deuxième partie (vignette 7 à 13) fait appel au public cible en qualifiant le magasin comme "le vrai palais de la femme" qui est également accessible au "femme simple et ouvrière" (vignette 10 et 12). 

Les quatre dernières vignettes ont comme sujet une nouveauté dans le monde du commerce, les caisses d'épargne. Les caisses d'épargne sont présentées d'une manière attrayante pour les consommatrices avec une possibilité d'avoir jusqu'à 4 % d'intérêt par an, mais également pour le magasin qui l'utilisent pour gagner de l'argent. 

Cette gravure est symbolique de la modernité du XIXe siècle sur un niveau technique, sociale et économique. Les nouveautés techniques se voient avec une création en masse de publicités grâce aux innovations dans le monde de l'imprimerie. L’évolution de la société se présente à travers "l'émergence d'une culture de la consommation" et la nouvelle identité de la femme comme consommatrice (Chaney, p 83).

Ce phénomène est également causé par les femmes qui venaient de la campagne pour trouver de l'emploi dans les usines ou galeries. La femme devient alors responsable de ses dépenses et gagne plus d'indépendance personnelle et économique. 

Fondé en 1838 par Paul et Justin Videau, le Bon Marché gagne son identité comme le premier grand magasin grâce à Aristide Boucicaut. Entrepreneur et homme d’affaires, Boucicaut cherche à augmenter leurs ventes en se focalisant sur la femme comme consommatrice principale du magasin (24S). Cela se manifeste notamment à travers leurs affiches publicitaires comme celle-ci datant de 1892.

Il sera alors possible d'analyser à la fois la fonction technique et esthétique de cette affiche. La fonction technique de cette affiche est d'informer les passants des services et biens offerts par le grand magain. La partie droite s’agit d’un portrait d’une famille bourgeoise vêtue dans les nouveautés du Bon Marché. L’arrière-plan peut être compris comme une sorte de scène de vacances avec la présence des palmiers et arc en lancéolé. Les deux moitiés de l’affiche sont liées grâce à l’emploi de la couleur rouge. Le clair-obscur du rouge avec le noir et le blanc met en valeur la mère et sa fille et le nom du grand magasin comme sujet principal de la lithographie. L’œil est donc attiré par la couleur vive ce qui crée un lien subconscient entre la marchandise du Bon Marché et les femmes de la bourgeoisie. C’est à travers cette stratégie de marketing que le magasin parvient à renforcer l’idée du Bon Marché comme la manifestation de la culture et du mode de vie bourgeois (Miller, p 3).

Malgré le fait que Boucicaut vise les femmes et la classe bourgeoise pour des raisons économiques, cela a également un impacte sur la place des femmes dans la société. En devenant consommatrice, la femme parvient à élargir sa présence socio-économique. Le grand magasin devient également une sorte de paradis pour les femmes où elles pouvaient venir et faire du shopping sans le scrupule de la société (lepoint.fr).

Cette lithographie issue par le Bon Marché illustre donc non seulement la grande variété de services et biens offerts par les grands magasins, mais aussi leur impact sur l'image de la femme dans la culture et économie française.